Page 164 - L'ane d'Or - auteur : APULEE- Libre de droit
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l’âne sont là cachés, et jurent par l’empereur. Le patron ne cesse de
         nier, et de prendre tout l’Olympe à témoin.   Pendant qu’on disputait
         et qu’on vociférait en bas, n’allai-je pas m’aviser, âne indiscret autant
         que curieux, de fourrer de côté mon museau par une lucarne, pour voir
         un peu ce que signifiait ce vacarme ? Or, le hasard voulut que l’œil
         d’un soldat, tourné de ce côté, saisit mon ombre au passage. Aussitôt
         il  fait  part  aux  autres  de  sa  découverte.      Grande  rumeur.  Vite  on
         applique  une  échelle ;  me  voilà  appréhendé  au  corps,  et  emmené
         prisonnier.   Plus de doute. Les recherches sont reprises avec plus de
         soin. On finit par découvrir le panier, le jardinier est tiré de sa cachette
         et traduit devant les magistrats. On traîna en prison le pauvre homme,
         qui dut payer de sa tête les frais de cette aventure. Du reste, ce furent
         des éclats de rire et des plaisanteries sans fin sur mon apparition à la
         fenêtre. De là le proverbe si connu : Qui voit l’ombre, voit l’âne.









































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