Page 9 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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L’infortuné Schahzenan se coucha ;
              mais si la présence du sultan son frère
              avait été capable de suspendre pour
              quelque temps ses chagrins, ils se
              réveillèrent alors avec violence ; au
              lieu de goûter le repos dont il avait
              besoin, il ne fit que rappeler dans sa
              mémoire les plus cruelles réflexions ;
              toutes les circonstances de
              l’infidélité de la reine se
              présentaient si vivement à son
              imagination, qu’il en était hors de
              lui-même. Enfin, ne pouvant dormir, il
              se leva ; et se livrant tout entier à
              des pensées si affligeantes, il parut
              sur son visage une impression de
              tristesse que le sultan ne manqua pas
              de remarquer : « Qu’a donc le roi de
              Tartarie ? disait-il ; qui peut causer
              ce chagrin que je lui vois ? Aurait-il
              sujet de se plaindre de la réception
              que je lui ai faite ? Non : je l’ai
              reçu comme un frère que j’aime, et je
              n’ai rien là-dessus à me reprocher.
              Peut-être se voit-il à regret éloigné
              de ses états ou de la reine sa femme.
              Ah ! si c’est cela qui l’afflige, il
              faut que je lui fasse incessamment les
              présents que je lui destine, afin qu’il
              puisse partir quand il lui plaira, pour
              s’en retourner à Samarcande. »
              Effectivement, dès le lendemain il lui
              envoya une partie de ces présents, qui
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