Page 20 - Le Petit Fellagha par Med Kamel Yahiaoui
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Les enfants habitant dans la ferme, étaient différents de
ceux que je côtoyai, à longueur d'année au village, à l'école ou
dans le quartier comme Gabriel et Madeleine, les enfants du
vétérinaire, François et son frère Fernand (que nous appelions
le cancre) car il avait trois ans de plus que notre moyenne
d’âge, fils de Gaston, l'adjoint au maire, Jean et Antoine, les
fils du garde champêtre, ou encore Saïd, le gaillard qui, à 13
ans, en imposait par sa stature d'adulte.
Cette année, mon séjour chez grand-mère allait être
retardé.
Les autres années, à cette même période, j'y étais déjà.
Des agitations perceptibles dans le village et des rumeurs
parvenaient jusqu'aux oreilles des enfants.
Il paraît qu'au mois de novembre 1954, tout juste huit mois
auparavant, dans la région de la grande ville située non loin de
notre propre village, des hors-la-loi armés avaient attaqué et
tué des militaires et des civils français.
On disait également, qu'à peine deux kilomètres de notre
village, deux colons européens avaient été tués, leurs fermes
brûlées.