Page 12 - Histoire d'ANNIBAL par Cdt Eugène HALLIBERT 1870 - DZWEBDATA
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               pouvaient songer et ne songeaient qu'aux jouissances matérielles que donnent les
               richesses  ;  or  leurs  richesses  s'alimentaient  incessamment  aux  sources  alors
               intarissables du commerce et de l'industrie.

               Le commerce, telle était la voie pacifique et sûre persévéramment suivie par ce
               peuple ardent aux plaisirs, qui, sans le savoir, devait puissamment concourir à
               l'œuvre de la civilisation antique.

               Les  Phéniciens  sillonnèrent donc  de bonne heure toutes  les mers  connues. Ils
               eurent des comptoirs sur tous les bords du bassin de la Méditerranée. Partant de
               leurs échelles de l'Espagne, ils poussèrent jusqu'aux îles Britanniques et, de là,
               pénétrèrent jusque dans la Baltique et le golfe de Finlande.

               Leur  navigation  dans  le  golfe  Arabique  commença  sous  le  règne  du  roi
               Salomon. Ces hardis caboteurs fouillèrent aussi le golfe Persique, et connurent
               tout  le  pays  d'Ophir,  nom  générique  des  côtes  de  l'Arabie,  de  l'Afrique  et  de
               l'Inde.

               Enfin, au temps de Necao, roi d'Egypte et contemporain de Nabuchodonosor, ils
               exécutèrent  le  périple  de  l'Afrique1,  en  sens  inverse  de  la  première
               circumnavigation des Portugais. Partis du golfe Arabique, ils rentrèrent dans la
               Méditerranée par le détroit de Gibraltar.

               Ces grandes entreprises commerciales, ces longs voyages de découvertes, leur
               firent  porter  l'art  nautique  à  une  haute  perfection.  Ils  semblent  de  beaucoup
               supérieurs aux Vénitiens et aux Génois du moyen âge, car le pavillon phénicien
               flottait  à  la  fois  à  Ceylan,  sur  les  côtes  de  la  Grande-Bretagne  et  au  cap  de
               Bonne-Espérance2.

               La Phénicie trafiquait aussi par les voies de terre, et employait à cet effet un
               nombre considérable de caravanes3. Ce commerce suivait les trois directions du
               nord,  de  l'orient  et  du  sud,  pendant  que  la  marine  marchande  exploitait
               l'occident.

               Au nord, les Phéniciens fouillaient l'Arménie et le Caucase, d'où ils tiraient des
               esclaves, du cuivre et des chevaux de sang4.





               Saint Luc (X, 13, 14) rapporte exactement les mêmes paroles.
               Saint Matthieu dit encore (XV, 22, 26, 27) : Et ecce mulier Chananæa, a
               finibus illis

               egressa, clamavit, dicens ei : Miserere mei. Domine, fili David... — Qui
               respondens ait :

               Non est bonum sumere panem filiorum, et mittere canibus. — At illa dixit :
               Etiam Domine

                 nam et catelli edunt de micis quæ cadunt de mensa dominorum suorum.

               1 Hérodote, IV, XLII.

               2 Ô Tyr, tes navigateurs ont touché à tous les bords. (Ézéchiel, XXVII, 26.)
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