Page 28 - Le Petit Fellagha par Med Kamel Yahiaoui
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            s'était  laissé  pousser  une  fine  moustache  comme  pour

            s'affirmer adulte.
               Je lui passai mon baluchon à travers la fenêtre, un voisin de

            cabine m'aida et fit de même pour mon autre valise, puis je

            descendis du train pour le rejoindre.
               Après de tendres bises, je repris mon baluchon, l'oncle prit

            la valise, puis nous nous dirigeâmes vers la fameuse calèche,
            mon moyen de transport estival préféré.

               Nous prîmes donc le chemin pour rejoindre la ferme, nous
            discutâmes  jusqu'à  l'arrivée  à  hauteur  du  lieu-dit  la  « halte

            des mûriers ».

               J’aperçus  soudain comme de l’amertume sur  le  visage de
            l'oncle  et,  tout  en  regardant  la  ferme  de  l'autre  rive  où

            apparaissait sa fiancée, je ne vis que des décombres calcinés.
               Un  moment  méditatif,  l'oncle  se  retourna  vers  moi  et  me

            dit :

               — Tu sais, ce n'est pas des choses à raconter à un enfant de
            ton âge, mais je dois te le dire quand même.

               La  ferme  qui  était  en  ces  lieux  est  celle  de  mon  oncle
            Hamou, sa fille Yasmina était ma promise.
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