Page 8 - Le Petit Fellagha par Med Kamel Yahiaoui
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            Pendant la colonisation de l’Algérie, il y avait très peu
            d’écoliers indigènes, cinq au plus répartis dans plusieurs
            classes à l’école où j’étais.

            Dans la cour de récréation, ils étaient souvent ensemble pour
            éviter les brimades et les moqueries de leurs congénères
            français.

               Dans  cette  école,  il  y  avait  une  sorte  de  melting-pot,  les

            enfants  d'autochtones  ressemblaient  aussi  bien  aux  enfants

            d'Européens  de  souche  française,  italienne,  espagnole,
            maltaise ou autres, auxquels l'ardeur du soleil donnait un teint

            basané  commun,  ils  avaient  cependant  des  signes  distinctifs
            qui ne prêtaient pas à confusion.

               De  condition  modeste,  ils  étaient  habillés  de  vêtements
            fripés  et  rapiécés  quand  ce  n'est  pas  déchirés,  des  calottes

            rouges comme couvre-chef et, en guise de cartable, un simple

            baluchon en tissu cousu par la mère.
               Et si les tabliers obligatoires bleus ou roses leur servaient

            de cache-misère en classe ou dans la cour de récréation, c'est
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